De plus en plus de livres, de documentaires et même de films à Hollywood veulent dénoncer le fait que l’être humain est en proie à toutes sortes de manipulations. Clairement, ce sujet a de plus en plus la cote, car il touche une valeur fondamentale pour chacun d’entre nous : la Liberté.
Aujourd’hui vouloir contrôler l’être humain implique de tenir compte de cette valeur incontournable. Ceux qui nous manipulent le savent bien et c’est pourquoi ils usent de stratagèmes pour nous contrôler tout en nous faisant croire que nous sommes libres. Ce paradoxe est la clé maîtresse de la manipulation de masse. Comment réaliser ce tour de force ?
Des décennies de recherches en psychologie, en sociologie, en marketing, en neuroscience et en politique répondent à cette question. Les techniques de propagande d’Edward Bernays du début du siècle dénoncées dans le dossier Lumière dans la Matrice ont depuis amplement été étendues et bonifiées.
La manipulation de masse est non seulement connue, mais largement enseignée dans nos écoles et universités ! Bien évidemment, on lui donne d’autres noms comme « relation publique », « campagne », « commercialisation », etc.
La manipulation de masse est aujourd’hui un enjeu quotidien pour des milliers de spécialistes qui œuvrent chaque jour dans plusieurs secteurs clés de l’économie et de la politique. Leur but est de nous faire croire que nous voulons telle politique, tel produit, tel mode de vie,… le plus souvent à notre insu !
Il faut cependant user de discernement afin de départager le vrai du faux dans tout ce que nous pouvons lire sur le sujet. Il existe des informations farfelues concernant la manipulation de masse qui n’aident pas la vérité à faire son chemin et qui peuvent même nous empêcher de faire les efforts nécessaires afin de ne plus se laisser manipuler.
A titre d’exemple, les informations affirmant que nous sommes manipulés par les Illuminatis ou les extraterrestres, avance à quoi ? Comment vérifier ces affirmations? Est-ce que ces documents ne sont pas falsifiés pour attirer l’attention ou nous pour dévier des vrais enjeux?
La question la plus pressante à répondre aujourd’hui n’est pas tant de savoir qui est derrière la manipulation de masse, mais comment nous sommes manipulés ?
En effet, si nous savons comment fonctionne la manipulation, nous pouvons nous en extraire. Nous saurons comment la contrer et couper les ficelles qui font de nous des marionnettes.
Afin de mieux comprendre les techniques de manipulation, il existe de nombreux livres écrits par des spécialistes qui décortiquent pour nous les rouages de la manipulation.
Pour ceux qui veulent quelque chose de plus concis, il existe une belle synthèse réalisée par Sylvain Timsit : les dix stratégies de manipulations de masse (voir ci-dessous).
L’auteur donne quelques exemples pour chacune des stratégies, mais il fort intéressant de trouver par soi-même comment elles sont utilisées autour de nous et comment elles nous affectent.
La Liberté n’est possible qu’au prix d’efforts afin de sortir des influences et des manipulations qui nous assaillent. La bonne nouvelle est que ces efforts permettent de devenir davantage soi-même et de retrouver sa dignité!
C’est certainement le plus noble combat auquel nous sommes tous invités aujourd’hui.
André Fortier
Les dix stratégies de manipulation de masse
par Sylvain Timsit
1 – La stratégie de la diversion
Élément primordial du contrôle social, la stratégie de la diversion consiste à détourner l’attention du public des problèmes importants et des mutations décidées par les élites politiques et économiques, grâce à un déluge continuel de distractions et d’informations insignifiantes. La stratégie de la diversion est également indispensable pour empêcher le public de s’intéresser aux connaissances essentielles, dans les domaines de la science, de l’économie, de la psychologie, de la neurobiologie, et de la cybernétique.
« Garder l’attention du public distraite, loin des véritables problèmes sociaux, captivée par des sujets sans importance réelle. Garder le public occupé, occupé, occupé, sans aucun temps pour penser; de retour à la ferme avec les autres animaux. » (Extrait de « Armes silencieuses pour guerres tranquilles »)
2 – Créer des problèmes, puis offrir des solutions
Cette méthode est aussi appelée « problème-réaction-solution ». On crée d’abord un problème, une « situation » prévue pour susciter une certaine réaction du public, afin que celui-ci soit lui-même demandeur des mesures qu’on souhaite lui faire accepter. Par exemple: laisser se développer la violence urbaine, ou organiser des attentats sanglants, afin que le public soit demandeur de lois sécuritaires au détriment de la liberté. Ou encore: créer une crise économique pour faire accepter comme un mal nécessaire le recul des droits sociaux et le démantèlement des services publics.
3 – La stratégie du dégradé
Pour faire accepter une mesure inacceptable, il suffit de l’appliquer progressivement, en « dégradé », sur une durée de 10 ans. C’est de cette façon que des conditions socio-économiques radicalement nouvelles ont été imposées durant les années 1980 à 1990. Chômage massif, précarité, flexibilité, délocalisations, salaires n’assurant plus un revenu décent, autant de changements qui auraient provoqué une révolution s’ils avaient été appliqués brutalement.
4 – La stratégie du différé
Une autre façon de faire accepter une décision impopulaire est de la présenter comme « douloureuse mais nécessaire », en obtenant l’accord du public dans le présent pour une application dans le futur. Il est toujours plus facile d’accepter un sacrifice futur qu’un sacrifice immédiat. D’abord parce que l’effort n’est pas à fournir tout de suite. Ensuite parce que le public a toujours tendance à espérer naïvement que « tout ira mieux demain » et que le sacrifice demandé pourra être évité. Enfin, cela laisse du temps au public pour s’habituer à l’idée du changement et l’accepter avec résignation lorsque le moment sera venu.
Exemple récent: le passage à l’Euro et la perte de la souveraineté monétaire et économique ont été acceptés par les pays Européens en 1994-95 pour une application en 2001. Autre exemple: les accords multilatéraux du FTAA que les USA ont imposé en 2001 aux pays du continent américain pourtant réticents, en concédant une application différée à 2005.
5 – S’adresser au public comme à des enfants en bas-âge
La plupart des publicités destinées au grand-public utilisent un discours, des arguments, des personnages, et un ton particulièrement infantilisants, souvent proche du débilitant, comme si le spectateur était un enfant en bas-âge ou un handicapé mental. Exemple typique: la campagne TV française pour le passage à l’Euro (« les jours euro »). Plus on cherchera à tromper le spectateur, plus on adoptera un ton infantilisant. Pourquoi?
« Si on s’adresse à une personne comme si elle était âgée de 12 ans, alors, en raison de la suggestibilité, elle aura, avec une certaine probabilité, une réponse ou une réaction aussi dénuée de sens critique que celles d’une personne de 12 ans. » (cf. « Armes silencieuses pour guerres tranquilles »)
6 – Faire appel à l’émotionnel plutôt qu’à la réflexion
Faire appel à l’émotionnel est une technique classique pour court-circuiter l’analyse rationnelle, et donc le sens critique des individus. De plus, l’utilisation du registre émotionnel permet d’ouvrir la porte d’accès à l’inconscient pour y implanter des idées, des désirs, des peurs, des pulsions, ou des comportements…
7 – Maintenir le public dans l’ignorance et la bêtise
Faire en sorte que le public soit incapable de comprendre les technologies et les méthodes utilisées pour son contrôle et son esclavage.
« La qualité de l’éducation donnée aux classes inférieures doit être de la plus pauvre sorte, de telle sorte que le fossé de l’ignorance qui isole les classes inférieures des classes supérieures soit et demeure incompréhensible par les classes inférieures. » (cf. « Armes silencieuses pour guerres tranquilles »)
8 – Encourager le public à se complaire dans la médiocrité
Encourager le public à trouver « cool » le fait d’être bête, vulgaire, et inculte…
9 -Remplacer la révolte par la culpabilité
Faire croire à l’individu qu’il est seul responsable de son malheur, à cause de l’insuffisance de son intelligence, de ses capacités, ou de ses efforts. Ainsi, au lieu de se révolter contre le système économique, l’individu s’auto-dévalue et culpabilise, ce qui engendre un état dépressif dont l’un des effets est l’inhibition de l’action. Et sans action, pas de révolution!…
10 -Connaître les individus mieux qu’ils ne se connaissent eux-mêmes
Au cours des 50 dernières années, les progrès fulgurants de la science ont creusé un fossé croissant entre les connaissances du public et celles détenues et utilisées par les élites dirigeantes. Grâce à la biologie, la neurobiologie, et la psychologie appliquée, le « système » est parvenu à une connaissance avancée de l’être humain, à la fois physiquement et psychologiquement. Le système en est arrivé à mieux connaître l’individu moyen que celui-ci ne se connaît lui-même. Cela signifie que dans la majorité des cas, le système détient un plus grand contrôle et un plus grand pouvoir sur les individus que les individus eux-mêmes.
Références :
Dossier Lumière dans la Matrice