Depuis quelques années, nous assistons à l’émergence d’une nouvelle star qui s’impose sur tous les écrans. Son nom est « IA ». Il ne se passe pas une semaine sans que l’on ne vente les faits et gestes de cette grande diva qui parcourt le monde en séduisant les foules, suivie d’un cortège de paparazzis.

Le Gartner Group a même soutenu qu’en 2017, IA se trouvait en septième place sur son site, pour les termes les plus recherchés, alors qu’en 2016, elle n’était même pas dans les cent premiers ! Il est fort probable que nous la retrouvions en première place très bientôt.(1)

Son succès n’est cependant pas le fruit du hasard, car IA a su bien s’entourer. Son équipe travaille fort afin que ses attributs et ses œuvres soient connus de tous. Grâce à ce travail de fond, IA est maintenant associée à la téléphonie mobile, à l’industrie automobile, aux entreprises de service, à la médecine, à la psychologie, à l’éducation, à la lutte au terrorisme, etc. Elle devrait même conseiller les gouvernements très bientôt !

Avec de nombreux films de science-fiction qui moussent sa renommée, des admirateurs toujours plus nombreux souhaitent s’unir à elle, afin de sortir de leur condition ordinaire et accéder ainsi à des capacités fabuleuses, voire à l’immortalité…

Vous avez sans doute compris qu’il est question ici de l’Intelligence Artificielle (IA) devenue la plus grande vedette de l’innovation technologique actuelle. Sa promotion régulière se fait à grands coups de nouveaux produits technologiques supposés « intelligents », issus de grands laboratoires tels que Google, IBM, Facebook, Microsoft et Amazon.

Malheureusement la communication qui entoure l’IA est remplie de faussetés et de rêves, car nous sommes encore très loin d’ordinateurs pouvant être qualifiés « d’intelligents ». Pour des questions de marketing, ce terme est aujourd’hui utilisé de manière abusive à presque chaque nouvelle sortie de produits technologiques.

En fait, il s’agit le plus souvent d’une simple amélioration du précédent produit auquel s’ajoutent des options de mimétisme de comportements humains. Mais ce n’est pas parce qu’un ordinateur peut imiter qu’il est pour autant doté d’intelligence. Ce n’est pas non plus parce que l’ordinateur fait certaines tâches plus rapidement que l’être humain, qu’il est pour autant intelligent. Et, ce n’est pas parce qu’un ordinateur peut battre un champion aux échecs ou au jeu Jeopardy qu’il est pour autant supérieur à l’être humain !

Tout cela démontre les caractéristiques de l’ordinateur qui a des capacités pour récolter des informations, pour les trier, pour les associer, pour les calculer, pour en retirer des statistiques… et pour ensuite produire des résultats reproductibles. Mais la capacité d’intelligence propre à l’être humain fait appel à d’autres fonctions n’ayant rien à voir avec des calculs, des tris ou des statistiques.

Définir ce qu’est l’intelligence n’est pas une mince affaire, mais l’on peut aisément comprendre qu’elle est liée à une pensée apte à comprendre, réfléchir, discerner, connaître, tirer des leçons et faire des choix. L’intelligence permet la conscience (de soi et des autres) et la capacité à formuler des idées créatives qui génèrent des comportements adaptés aux situations. Tout cela est inaccessible aux ordinateurs actuels bien que les apôtres de l’intelligence artificielle rêvent de bonifier les ordinateurs d’un esprit apte à des réflexions égales, voire plus grandes que celles de l’être humain.

Mais à y regarder de plus près, il existe bel et bien un moyen pour que la machine dépasse l’intelligence humaine. Quel est donc ce moyen ? En fait, il faudrait que l’être humain diminue, voire éteigne ses propres capacités cognitives. Dans ce cas, la machine pourrait, en effet, supplanter l’humain !

Cette éventualité peut sembler délirante et pourtant certains spécialistes ont déjà sonné l’alarme en démontrant que le quotient intellectuel des occidentaux a diminué dans les 15 dernières années.(2) Curieuse coïncidence ! Surtout lorsque l’on constate que cette période s’apparente à l’engouement pour internet, pour les réseaux sociaux et pour les téléphones dits « intelligents ». C’est aussi durant cette période que l’on a fait des tentatives pour créer des algorithmes d’intelligence artificielle visant à remplacer et dépasser l’intelligence humaine.

C’est tout même le comble de dépenser des milliards pour rendre des machines plus « intelligentes » et que par ailleurs, on fait peu de cas du fait que l’intelligence humaine soit en déclin !

Ainsi, au lieu de nous encourager à faire grandir notre intelligence par l’acquisition de connaissances, par le développement d’aptitudes ou par le vécu d’expériences riches… on nous propose un avenir où l’intelligence ne sera plus le propre de l’être humain, car celui-ci aura abandonné sa pensée à des ordinateurs qui penseront pour lui ! Nous en voyons déjà les prémisses avec les téléphones, les GPS, les montres, les automobiles qui proposent de penser ou d’agir à notre place.

Derrière ce spectacle de l’Intelligence Artificielle, nous voyons aussi se profiler un courant de pensée et une philosophie : le « transhumanisme », c’est-à-dire l’union entre l’humain et la machine permettant une autre forme d’évolution que ce que l’humanité vit depuis des millions d’années.

À l’opposé de la vision spirituelle qui présente l’humain comme un être de nature divine et immortelle venant expérimenter l’incarnation sur terre pour révéler ses forces d’amour et de sagesse, le transhumanisme voit l’être humain comme ayant une condition imparfaite, faible et périssable dont la seule évolution possible passe par l’ajout de capacités propres à la machine. Ces capacités viseraient à dépasser notre condition ordinaire actuelle pour accéder à une autre forme de « divinité » et ainsi vivre l’immortalité !

L’Intelligence Artificielle tente aujourd’hui de s’insérer dans le courant de notre destinée. Il serait risqué de fermer les yeux sur cet enjeu, car même si elle est faussement présentée avec des attributs exagérés, son développement pourrait créer beaucoup d’illusions et de déroutes, afin de nous écarter du chemin évolutif qui nous est proposé aujourd’hui.

André Fortier

Références:

(1) Gartner Groupe : L’IA sera dans tous les nouveaux logiciels d’ici 2020

(2) RT France : Baisse vertigineuse du QI moyen en occident

 

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